Hugo et les Randos du Géologue


Passionné de montagne et attaché au développement durable, Hugo est un l'un des accompagnateurs en montagne avec qui vous aurez peut-être l'occasion de découvrir la Réserve Naturelle des Gorges de Daluis et ses merveilles géologiques : il nous parle de lui et de son métier.

  • Salut Hugo ! Et merci de te prêter au jeu de l’interview pour notre blog. Pourrais-tu te présenter à nos lecteurs, en nous racontant ton parcours et ce qui t’a amené à devenir l’un des acteurs des "Randos du Géologue" ?

Salut ! Je suis Hugo, j’habite le hameau des Amignons à Péone et je suis accompagnateur en montagne en cours de formation. Début 2020, nous avons monté Ovarando avec Florian Sassier. Avec cette structure, nous vous emmenons à la découverte de la vallée du Haut-Var en randonnée ou en raquettes à neige en toutes saisons. Il s’agit pour moi d’une reconversion assez récente : jusqu’à début 2020, je travaillais dans le monde de la protection de l’environnement. C’est d’ailleurs ce qui m’a amené à Valberg, où j’ai occupé le poste de chargé de mission Développement Durable pendant deux ans.
C'est durant cette période que j’ai découvert les richesses naturelles des Alpes d’Azur, dont les Gorges de Daluis et leurs paysages si particuliers, qui offrent un contraste saisissant avec la montagne de mélèzes et de versants calcaires que j’habite, à seulement quelques kilomètres à vol d’oiseau ! J’ai eu la chance de travailler avec les gestionnaires et les agents de la Réserve, et ainsi de la découvrir dans des conditions privilégiées, entouré de celles et ceux qui l’étudient et la préservent au quotidien. La participation de la RNR à la candidature au patrimoine mondial de l’UNESCO au titre de la géologie m’a amené à m’intéresser plus en profondeur à la formidable diversité des roches qui la composent. C’est donc assez naturellement, quand le SIV a lancé un appel à manifestation d’intérêt autour des "Randos du Géologue", que j’ai rejoint ce beau projet.

  • Guide ? Accompagnateur ? ... Souvent, les gens confondent ces deux acteurs de la montagne. Pourrais-tu nous en dire plus sur l’essence de ton métier ?

Le guide de haute montagne et l’accompagnateur en montagne exercent deux professions assez différentes ! Les profils varient et il n’y a pas un « guide » et un « accompagnateur » type. On peut dire que le guide emmène ses clients en haute montagne, en mobilisant diverses techniques liées à l’alpinisme : escalade, marche sur glacier, ski de montagne, etc. Le but, souvent un sommet ou un point remarquable atteint après une progression exigeante sur le plan technique et physique, constitue la motivation première de la sortie.
Pour moi, l’accompagnateur en montagne est plutôt un médiateur, un interprète du monde naturel et de l’environnement montagnard. Il emmène les gens en montagne, à pied ou en raquettes, et leur en fait découvrir les multiples facettes : faune, flore, patrimoine, paysages, pastoralisme. Il mobilise pour cela des connaissances souvent poussées sur un ou plusieurs de ces thèmes et n’hésite pas à faire voir, toucher, sentir à son public : observation des oiseaux à la longue-vue, découverte des plantes sauvages comestibles, partage d’un fromage de montagne à la cabane du berger, etc. Partir avec un accompagnateur, c’est découvrir la montagne avec un œil neuf. Cela étant dit, de nombreux guides sont également intarissables sur la vie de la montagne, et il est possible de partir avec un accompagnateur sur de longues randonnées alpines sportives et engagées.

  • Ton métier ne tourne donc pas seulement autour de l’accompagnement pur et simple. Pour "les Randos du Géologue", tu dois donc avoir un bagage géologique. Où as-tu acquis toutes ces connaissances particulières ?

La géologie est une dimension passionnante et essentielle de la montagne. Après tout, une montagne c’est avant tout…de la roche ! Une roche mise en place il y a des dizaines de millions d’années et qui détermine la topographie, les sols, les types de végétations et donc les activités humaines qui s’y développeront. La géologie est au fondement de tout ça. Mais c’est une discipline qui pâtit d’une réputation d’austérité, d’hermétisme. Et c’est vrai qu’elle demande un petit effort initial pour s’y plonger : le vocabulaire scientifique est omniprésent, et puis l’effort mental à réaliser pour s’imaginer des mécanismes qui ont lieu sur des échelles de temps sans aucune mesure avec le temps de nos vies humaines est conséquent. Mes connaissances en la matière me viennent d’abord de mes études, puisque je suis géographe de formation, spécialisé dans l’environnement montagnard. Mais chaque territoire est tellement particulier sur le plan géologique que des connaissances générales sont de bien peu d’aide quand on en découvre un nouveau. Ici, il me faut vraiment saluer Aymeric Saulnier, Géologue de talent qui a préparé le contenu scientifique des "Randos du Géologue" et a ensuite formé les accompagnateurs en montagne parties prenantes du projet, dont je fais partie. Aymeric a un vrai talent pour rendre accessibles des notions et des mécanismes qui ont l’air si compliqués au premier abord ! C’est lui qui m’a donné les bases nécessaires à une exploration renouvelée des Gorges de Daluis pour parfaire mes connaissances. Avec Aymeric, nous avons partagé de nombreux moments sur la Réserve ces dernières années, à la découverte des roches, des mines, des formes géologiques qui la composent. De très beaux souvenirs qui ont nourri ma curiosité et enrichi mes connaissances, me donnant l’envie d’approfondir toujours plus. Merci Aymeric !

  • On en déduit donc que le site de la Réserve Naturelle Régionale des Gorges de Daluis est un peu spécial ! Pourquoi est-il si exceptionnel ?

C’est difficile à résumer en quelques mots ! Disons qu’on y retrouve, sur un périmètre très restreint, 280 millions d’années d’histoire géologique, mise à jour par les mouvements tectoniques puis l’érosion. D’un point de vue paysager, cela donne naissance à de véritables merveilles, qui justifient le surnom de "Colorado Niçois". Il y a aussi une histoire minéralogique tout à fait remarquable, avec une exploitation minière ancienne et la découverte, plus récente, de très nombreux minéraux que l’on ne retrouve nulle part ailleurs dans le monde. Pour le reste…venez participez aux "Randos du Géologue" et prenons le temps d’une découverte en profondeur et in situ !

  • "Les Randos du Géologue" ont été pensées pour répondre à la volonté d’une dynamique éco-touristique sur notre territoire. Pourrais-tu nous parler du rôle que joue l’accompagnateur en montagne dans l'avenir du développement durable en montagne ?

Découvrir la montagne, c’est un émerveillement aux quatre saisons qui ne nécessite que très peu de matériel et d’aménagements : des sentiers correctement entretenus et une paire de chaussures de marche ! La randonnée répond à plusieurs enjeux : celui de déconcentrer la fréquentation de la montagne, pour éviter des pics trop importants durant les vacances d’été et d’hiver et conserver une activité et une présence sur le territoire le reste de l’année, celui de mieux disperser cette fréquentation sur des espaces plus grands que les seules stations touristiques, par exemple. Au-delà de cela, l’accompagnateur en montagne contribue à répondre, à sa modeste mesure, à un besoin essentiel de notre société urbaine et sédentaire : le besoin de nature. On ne protège que ce qu’on aime et on n’aime que ce que l’on connaît. Emmener des gens de tous âges et de tous horizons en montagne, c’est participer à une forme de reconnexion au monde naturel dont nous avons un besoin absolu pour notre survie, autant que pour notre équilibre, notre santé, notre apaisement. Je pense que ces notions-là résonnent avec plus de force encore dans la société post-crise sanitaire dans laquelle nous entrons. 

  • En dehors de la géologie, proposes-tu d’autres randonnées à thème ?

Oui ! Mes thèmes de prédilection sont l’ornithologie, la lecture de paysage ou encore le monde pastoral.

  • Question totalement subjective : Quel est ton spot préféré dans les Gorges de Daluis ?

Trop dur ! Cela dépend de la saison, de la météo, de l’humeur sportive, sauvage ou contemplative… Début octobre, quand l’air est clair comme aujourd’hui et que le panel de couleurs automnales se déploie, j’apprécie beaucoup d’aller planter la tente vers le hameau du Lavigné, un coin assez reculé des Gorges, où l’on observe souvent une faune diversifiée, à la croisée entre le cortège méditerranéen et celui de montagne.